Portfolio Incubateurs

Un écosystème de plus en plus sophistiqué

L’offre en incubation d’entreprises s’est développée au cours des dernières années au Québec. Certains incubateurs parviennent même à se hisser vers les sommets internationaux. Mais tous les incubateurs, qu’ils soient généralistes ou spécialisés, internationalisés ou régionaux, tendent à échanger de plus en plus.

Un écosystème diversifié

Il existe près de 70 incubateurs et programmes d’accompagnement similaires dans la province, selon le répertoire de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Certains ont vu le jour récemment, comme le MT Lab, l’incubateur en tourisme, culture et divertissement, fondé l’an passé.

« L’écosystème est en train de se bâtir, comme une forêt où des arbres robustes côtoient des arbustes en croissance, illustre Manaf Bouchentouf, directeur exécutif et de l’accompagnement entrepreneurial au Pôle entrepreneuriat, repreneuriat et familles en affaires de HEC Montréal. Mais cette forêt n’est pas encore structurée comme un jardin botanique. »

La révolution du Centech

Au sein de cet écosystème, le Centech se démarque. Fin 2015, Richard Chénier prend les rênes de l’incubateur de l’École de technologie supérieure (ETS) de Montréal. Son plan est simple : tout changer pour devenir un des meilleurs incubateurs technologies au monde. « Les programmes vieillissaient, et nous devions gagner en rapidité », explique-t-il.

Avec son collègue Luc Giguère, responsable du programme d’accélération, Richard Chénier va effectivement tout changer. Ils analysent les meilleures pratiques, et ils réinventent tous les programmes en s’appuyant sur le Lean Startup avec une mission : transformer des scientifiques en entrepreneurs. Le Centech applique aussi une barrière élevée à l’entrée : la concentration en technologie doit être élevée.

Au moment de mettre la nouvelle stratégie en application, 15 start-up étaient hébergées par le Centech. « On en a arrêté 10 », se rappelle Richard Chénier.

Une efficience record

Depuis, le Centech sélectionne de 100 à 125 projets par an, en partenariat avec 26 universités, canadiennes et étrangères. L’incubateur reçoit des candidatures du Mexique, des États-Unis – y compris de la Silicon Valley – et de France.

Aujourd’hui, le Centech sort en moyenne une entreprise en croissance par mois. « Nous sommes un des incubateurs les plus efficients au Canada, se félicite M.Chénier, mais nous visons en sortir deux à trois par mois. » Centech se placerait alors parmi les incubateurs les plus performants du monde.

L’objectif pourrait être atteint d’ici deux ans. 

« Nous demandons à nos entrepreneurs d’avoir de l’ambition, nous devons en avoir nous-mêmes. » 

— Richard Chénier, directeur général du Centech

Un écosystème propice à l’échange

Un des atouts de l’écosystème d’incubation québécois est sa taille modeste. « Nous nous connaissons tous, et nous nous parlons, souligne Manaf Bouchentouf. Nous sommes capables d’émettre des critiques constructives, les uns envers les autres. C’est une force. »

Plusieurs dirigeants d’incubateurs témoignent de l’absence de compétition entre incubateurs. « Quand on accompagne une start-up, on veut qu’elle ait toutes les ressources nécessaires avec elle », dit-il.

Certaines start-up envoient ainsi un de leurs membres dans un incubateur spécialisé en technologie, pendant qu’un autre travaillera au sein d’un incubateur tourné vers le management, observe M. Bouchentouf.

Vers la gratuité

Les modalités d’incubation sont en cours d’évolution. Comme ils le faisaient il y a 20 ans, des incubateurs proposent encore la location mensuelle d’un espace et la facturation d’expertise. D’autres accompagnent les start-up en échange d’une prise de capital. La formule la plus récente, très présente dans le monde universitaire, consiste à dire : « Nous n’investissons pas, nous nous assurons que la start-up réussisse pour l’amener le plus vite le plus loin possible, et nous avons des investisseurs autour de nous pour nous y aider », observe Manaf Bouchentouf. Pour ces derniers, c’est la façon de produire qui doit innover, davantage que la technologie utilisée.

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